A L'explication aux Parents

Vous recherchez des éléments nouveaux pouvant expliquer l'attitude de votre enfant face à laquelle vous êtes désarmés.

Un constat s'impose : il est dyslexique.

Voici quelques notions simples et une attitude constructive.

 

1 Présentation

Vous pensez, ou la maîtresse dit, que votre enfant voit mal. Pourtant une visite chez l'ophtalmologiste a démontré qu'il voit bien, avec souvent 10/10 aux deux yeux.

Se pourrait-il que ces deux informations soient à la fois exactes ?

L' acuité visuelle ne reflète pas, à elle seule, la réalité de la vision ou de l'acte de voir.

L'acte de voir est un acte complexe qui suppose :

Il se peut que cet enchaînement des processus de vision soit interrompu ou ralenti à certaines étapes.

Notre action et réflexion se situent en aval des troubles de l'acuité visuelle que nous supposons bonne et au moins égale à 5/10 de près et de loin après correction.

L'action de recherche, l'analyse du signal visuel sont des processus cérébraux. Ils supposent un apprentissage et une expérience normalement acquise. Dans certains cas cet apprentissage se fait mal. L'ensemble des éléments transmis comporte des erreurs, des incohérences, des contradictions telles que le cerveau refuse l'analyse et demande confirmation sur la forme.

Nous appelons cette situation : immaturité visuelle prolongée ou retard psycho-visuel.

Les structures cérébrales d'analyse ne sont pas efficaces. En forçant un peu le trait on se demande si l'enfant voit bien, et si même il regarde...

Pourtant, il voit normalement dans des situations simples, mais tout semble se dégrader en cas de difficulté. Il devient indécis comme s'il n'avait pas vu. On pourrait croire qu'il est en boucle, se demandant ce qu'il a vu et s'il l'a bien vu.

Le signal reçu n'est pas bien ou pas analysé.

L'enfant est par ailleurs normalement intelligent, ce que prouve le reste de ses résultats. Il est donc capable d'analyse mais ne peut analyser ce qu'il reçoit mal.

Dès lors la conclusion s'impose : si l'analyse visuelle se fait mal c'est que le signal visuel est mauvais. L'ensemble des éléments transmis au centre d'analyse comporte des erreurs, des incohérences, des contradictions. Devant celles ci le cerveau refuse l'analyse et demande confirmation sous la forme d'un retour en arrière comme par exemple la relecture d'un mot long...

Notre tache est donc d'analyser ce qui perturbe ce signal.

2 Les signes de la maturation visuelle retardée

Voyons donc les principaux signes ou symptômes.

Il y en a beaucoup et tous ne sont pas de la même importance. Nous essayerons plus loin d'élaborer une grille chiffrée permettant d'orienter votre cas personnel vers un diagnostic improbable, probable ou certain.

Ils ne sont pas significatifs d'un retard psycho visuel mais plutôt d'une difficulté réelle rencontrée lors d'un apprentissage.

Il faut bien différencier ces troubles, dus à une mauvaise perception de l'espace et entraînant des gestes inapropriés, d'un problème neurologique vrai. De plus ces difficultés sont différentes de celles de l'enfant dyspraxique. Ce ne sont pas ses capacités motrices qui sont en cause mais plutôt le repérage dans l'espace. Le geste n'est pas crispé, ou malhabile, ou douloureux; il est raté.

3 Le résumé théorique

Vous avez reconnu quelques travers de votre enfant. Sa maturation visuelle est peut être incomplète et cela le gène beaucoup.

La vision binoculaire est une construction fragile qui se met en place dès les premières semaines de la vie. La maturation de ce système se fait progressivement au cours des 15 premières années pour arriver à une efficacité maximum. Tout retard ou tout obstacle à son développement peut aboutir à un manque d'efficacité visuelle, qui sera plus ou moins dommageable en fonction de l'âge d'apparition. Une efficacité visuelle insuffisante à l'âge d'acquisition de la lecture peut favoriser l'apparition de confusions, d'inversions, de retards et de mauvais apprentissages. Elle sera aussi responsable de sa mauvaise concentration, de ses maux de tête et de sa maladresse.

L'animation du début du site permet d'imaginer les difficultés d'apprentissage de lecture avec une vision aussi désorganisée et fluctuante. En effet comment lire correctement si un œil regarde le début du mot et l'autre la fin du mot ?

Tout se passe comme si l'enfant avait beaucoup de difficultés à superposer les images fournies par ses deux yeux.

Quand le trouble est sévère les deux images sont séparées l'une de l'autre et l'enfant ne sait pas laquelle est la bonne.

A un stade moins avancé les images ont simplement un double contour donnant un aspect de flou des bords.

Si l'objet est petit il sera plus facilement vu double comme par exemple lors de la lecture un " n " dédoublé forme un " m ". il en est de même pour v et w. beaucoup d'autres lettres seront mal vues et donc mal interprétées : b et d, p et q ....

Il faut aussi comprendre que ce trouble est variable dans le temps (en fonction de la fatigue par exemple) et dans l'espace (vision de loin ou de près). L'enfant ne peut dès lors s'habituer et chaque situation est pour lui imprévisible et doit être gérée au coup par coup.

Son énergie est canalisée dans ce but et il ne lui reste que peu de temps pour reconnaître et mémoriser.

Il a toujours vu comme ça et ne sait pas que c'est anormal. Il ne peut donc pas s'en plaindre : il fait avec et il fait mal sans le vouloir.

La perception de l'espace est souvent faussée ce qui explique sa maladresse, son écriture mal formée qui ne tient pas dans les lignes...

 

L'acte diagnostique neuro-visuel ainsi que son explication à l'enfant et à ses parents entraîne des sentiments nouveaux simultanées:

4 Forger votre avis

Vous pouvez imprimer la liste suivante et chiffrer vous même les performances de votre enfant : ce résultat n'a qu'une valeur indicative mais permet de situer votre enfant dans un cadre ou une échelle.

Pour un résultat de score inférieur à 10 la prise en charge visuelle n'aura que peu ou pas de résultat ; au dessus de ce score la rééducation visuelle résoudra des problèmes d'acquisition sans, bien sur, rattraper le retard.

Les acquis devront être repris à la base et renforcés par un professionnel compétent ( instituteur et ou orthophoniste).

Formulaire diagnostique    Test de lecture

5 L'aide des professionnels

Dans la plupart des cas beaucoup d'éléments du bilan ont déjà été entrepris et il suffira seulement de les mettre bout à bout pour que ressorte le contexte global.

La marche à suivre pour les cas d'immaturité visuelle prolongée est assez simple bien que longue.

Vous devez faire compléter votre avis auprès d'une orthoptiste qui est habilitée à étudier les possibilités de la vision binoculaire. Tout en confortant votre démarche elle entreprendra d'emblée la rééducation visuelle si l'acuité visuelle est correcte et le trouble reconnu.

La visite chez un ophtalmologiste est elle aussi indispensable pour réaliser le fond d'œil, calculer la puissance des deux yeux (skiascopie) et vérifier l'acuité visuelle.

Un bilan orthophonique sera de plus nécessaire pour faire l'état des lieux de la lecture.

N'oubliez pas la visite chez l'Orl avec son audiogramme.

Demandez a votre médecin traitant de prescrire ces examens et de cordonner les résultats : vous gagnerez du temps.

Il faudra commencer la correction des anomalies de la vue et de l'audition si cela est nécessaire.

Dans les cas ou la rééducation visuelle serait utile il faudra commencer par celle ci quitte à suspendre l'orthophonie qui reprendra ensuite avec des bases visuelles plus solides. L'enfant ne devra pas être surchargé par des prises en charge de tous types, fastidieuses et fatigantes pour lui et l'empêchant de jouer comme les autres.

En moyenne, 15 séances seront suffisantes pour réactiver la maturation visuelle. Mais celle ci devra être entretenue régulièrement à raison de 5 séances tous les six mois pendant 1 an et demi puis 5 séances par an jusqu'à 13 ans en moyenne et selon l'importance des troubles de départ.

L'équipe pédagogique sera mise au courant des différents aspects du bilan. Un document explicatif sous forme de lettre pourra être transmis à la maîtresse. Celle ci sera à même de juger des progrès réalisés au cours de la démarche de rééducation entreprise. Cette prise de position donne souvent un répit à l'enfant et le regard porté sur lui change souvent de façon bénéfique par le reconnaissance de son problème.

6 Les résultats

Les résultats sont en général très bons sur l'efficacité visuelle quand l'indication est bien posée. La première des choses est la disparition en 4 à 5 séances des maux de tête. Puis vient l'amélioration de l'attention et des capacités de concentration. Les larmoiements et douleurs disparaissent ensuite.

Quand la lecture était acquise avant la rééducation la vitesse de lecture est nettement améliorée au bout de 10 séances. Quand celle ci n'était pas acquise on a parfois la chance d'assister au déclic de compréhension à cette occasion.

Les effets bénéfiques vont s'étaler sur les 3 mois qui suivent la fin de la rééducation. En dernier lieu disparaîtront le manque de confiance en soi et l'éblouissement ou gène à la lumière vive.

Tous les enfants et tous les âges sont différents mais le schéma principal demeure : avec de bons outils "visuels" l'enfant travaille mieux.

7 Différentes questions souvent posées

Mon enfant est il dyslexique ?

Dyslexie: trouble d'apprentissage de la lecture sans déficit sensoriel ni intellectuel.

Tous les manuels insistent sur ce point sans jamais s'être posé la question de définir le trouble en question. Pour moi un enfant qui a une otite séreuse et qui entend mal une semaine sur deux l'hiver a de graves troubles sensoriels

De la meme manière une vision fluctuante ou mauvaise est un trouble sensoriel. Les 10/10° de l'acuité visuelle centrale ne sont pas suffisants.

Ce qui est grave n'est pas forcément la profondeur du trouble et ce d'autant plus qu'il est réversible, mais bien plutôt que sa variabilité empêche de le dépister et d'en tenir compte. Il dure pendant des années sans être mis à jour et perturbe tous les apprentissages.

Tout retard, que l'enfant prendra, sera qualifié de dyslexie. C'est un manque de rigueur dans la démarche diagnostique. Un élément sensoriel variable aura entravé son bon apprentissage.

Il ne revient pas à dire que toutes les dyslexies sont d'origine sensorielle méconnue. Par contre, l'existence d'un traitement efficace de l'immaturité visuelle doit encourager à entreprendre son dépistage systématique et complet au plus vite. Le dépistage et le traitement de ce trouble n'entraveront d'ailleurs pas les autres démarches.

Mon enfant va t-il avoir des lunettes ?

La réponse à cette question est indépendante de sa maturité visuelle. L'ophtalmologiste décidera après la réalisation de la skiascopie (examen réalisé après l'instillation de gouttes dilatant la pupille et paralysant l'accommodation) de la nécessité d'une correction. Quelques bases de prescription seront trouvées à la section "ophtalmologie".

Est-ce que c'est grave ?

Ce retard visuel ne présente pas de caractère de gravité au sens de maladie grave ou évolutive. C'est un simple retard de développement. Beaucoup de gens vivent avec, mais sa persistance entrave et gène les apprentissages normaux. Il peut être à l'origine de maux de tête durant de nombreuses années.

Est ce que c'est familial ?

On trouve indéniablement un caractère familial. Toutefois certaines circonstances favorisent son apparition comme un traumatisme crânien, une maladie grave, une anesthésie générale ou tout simplement la fatigue et le stress... Ce caractère familial est souvent une particularité anatomique de position des orbites en légère divergence. Cette divergence devra être compensée en plus des besoins normaux de convergence.

Doit on faire un scanner ?

Seul, votre médecin sera en mesure de répondre à cette question en fonction d'autres éléments qui auraient pu l'alerter. Toutefois ce syndrome de retard psycho-visuel ne comporte pas de signes radiologiques décelables.

Peut on guérir de ce retard psycho-visuel ?

Oui, dans une grande majorité des cas ce retard visuel sera comblé très rapidement car il est souvent peu important dans sa profondeur. Par contre, il est très fréquent qu'il ait tendance à revenir. C'est la raison pour laquelle il faudra souvent refaire des séances de réévaluation et de remise à niveau tous les six mois puis tous les ans. On ne doit pas oublier que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. L'enfant n'ayant pas de conscience exacte de son corps ne cherche pas à se corriger sel avant la treizième année. Avant ses 13 ans il ne fait que subir.

Par ailleurs et ceci est primordial, en levant l'obstacle visuel on n'a pas rattrapé le retard acquis. Il va falloir rattraper. Cela sera facilité par la nouvelle confiance en soi mais l'importance du retard est parfois source de découragement.

Pourquoi personne ne s'en est il aperçu avant ?

Ces notions d'efficacité visuelle bien qu'évidentes pour beaucoup d'intervenants n'ont jamais été prises au sérieux faute d'une explication rationnelle visible. En effet les outils informatisés, pouvant détecter ces variations minimes de la fixation, ne sont pas encore tout à fait suffisamment performants. Les instances éducatives se montrent donc méfiantes. L'ophtalmologiste est, de plus, rarement formé à la strabologie et, lors de la consultation de routine, la question qui lui a été formulé a souvent été : "mon enfant voit il bien ? "

Y a t'il des structures de dépistage intégrées ?

Il existe bien des structures de dépistage des troubles de la lecture mais aucune n'est réellement intégrée et le parcours des parents est souvent très difficile, avec des approches différentes et qui bien que complémentaires ne bénéficient pas d'une vision globale du problème complexe. L'éducation nationale refuse la prise en charge médicale du problème pour des raisons diverses et perpétue de fait cette ambiguïté. Les structures privées ou hospitalières manquent souvent d'un maillon essentiel et il est courant de voir des enfants dont la totalité du bilan n'a pas été effectuée.

Quelles sont les relations avec l'éducation nationale ?

L'éducation nationale considère schématiquement que l'apprentissage de la lecture est son domaine réservé et qu'aucun autre intervenant n'a plus réfléchi qu'elle à ce vaste sujet. Cette institution n'est pas très ouverte aux nouvelles idées qui ne viennent pas d'elle.

Toutefois beaucoup d'enseignants sont très perceptifs et avides d'explications sur des situations qu'ils rencontrent tous les jours et devant lesquelles tout le monde bute. Les explications données leur permettent de reprendre des méthodes différentes pour débloquer des situations difficiles.

La méthode dite globale présente chez ces enfants immatures visuellement deux inconvénients majeurs : elle retarde en premier lieu le diagnostic de trouble d'apprentissage de la lecture et en deuxième lieu elle fait croire à tord à l'enfant qu'on peut lire en regardant sans voir, ce qui l'arrange bien, lui, qui ne sait pas voir.

L'information récente que cette méthode allait être abandonnée est maintenant officielle mais n'a toujours pas été validée dans la pratique.

Quelles sont les relations avec la recherche ?

Nous avons nous même essayé à de multiples reprises de contacter des chercheurs dans les différentes matières impliquées dans ces problèmes. Jamais aucune de nos lettres n'a reçu de réponse. Chacun défend son gâteau, son travail et sa raison d'être comme il peut.

8 La marche à suivre

Comme nous l'avons souligné depuis le début le diagnostic doit être pluridisciplinaire. Aucun intervenant ne pourra assurer la totalité de la prise en charge de votre enfant.

Vous devez devenir le coordinateur des soins avec une personne qui acceptera la tache du regard extérieur et du conseil. Cela peut être, avec bonheur, votre médecin généraliste, qui est souvent le plus disponible et le plus apte à coordonner les différents résultats et à prescrire les résultats manquants. A cet effet une grille de décision lui est adjointe dans ce site à toutes fins de ne rien oublier.

L'essentiel a déjà été dit, mais, pour résumer

9 La méthode de Lisbonne

Beaucoup de parents me posent des questions sur la méthode de Lisbonne, inspirée de la posturologie et comportant la prescription de primes posturaux.

Il est difficile de s'en faire une idée scientifique car les informations restent très parcellaires quant à la méthode et ses règles d'emplois. Toute démarche scientifique se doit d'être transparente, d'expliquer les règles de prescription ainsi que les résultats attendus. Ces règles de base du savoir médical sont ici absentes. On ne trouve pas plus d'études permettant de valider la théorie ou ses résultats.

Toutefois, il est possible de faire quelques remarques qui porteront un éclairage sur sa validité. Le principe essentiel semble de dépacer de façon assymétrique la fixation des deux yeux avec pour but de provoquer une réaction en retour sur la posture et le tonus oculo-moteur. Cette méthode est donc uniquement passive et table sur le fait que ce simple "rééqulibrage" permettra une reprise des processus visuels dans une bonne direction. En redressant les axes optiques de la sorte on espère diminuer les contractures autorégulatrices de toutes sortes dont les effets seraient nocifs. On évoque un aspect décontractant de la méthode.

D'un point de vue ophtalmologique on peut dire que l'utilisation des prismes a pour effet de déplacer l'image d'un des deux yeux et permettre à l'enfant de réaliser sa diplopie (vision double) qu'il avait réussi à masquer en la neutralisant. Cet effet est efficace mais limité.

Par contre, la prescription de prismes additionnels à des enfants déjà porteurs de lunettes pose beaucoup de problèmes. En effet, le verre de lunette présente déjà un effet prismatique de bord. C'est à dire que tout verre de lunettes n'est exact qu'en son centre optique. Dès que le regard se porte en direction du bord du verre (regard latéral par exemple) l'effet prismatique du bord du verre se fait sentir. Dès lors la prescrition de prismes additionnels devient d'une complexité inouïe sauf à faire une prescription au petit bonheur la chance.

Effets prismatiques de bord

La posturologie vise dans son ensemble à restituer un équilibre global du corps et fait donc appel aussi à la prescrition de semelles adaptées en fonction d'un bilan podologique. Elle nécessite aussi la réalisation d'exercices de relaxation, de positionnement avec notamment des positions particulières d'endormissement et l'emploi d'un mobilier de travail comprenant un pupitre incliné ainsi q'un repose pied spécifique. Par ces aspects elle devient vite très lourde sans que l'on puisse quantifier le bien fondé de chaque élément individuellement.

Le positionnement de cette méthode dans le traitement de la dyslexie est par contre beaucoup plus difficile à comprendre et le seul argument avancé aux candidats est le suivant: "Essayez, c'est spectaculaire en moins de deux mois. Et si ça ne marche pas vous n'aurez pas de regret." L'argumentation est faible et repose sur des bases de raisonnement magique.

On peut difficilement laisser croire que quelque soit la méthode la totalité des troubles dyslexiques aura disparue en 2 mois.

Comparaison des deux méthodes.

La rééducation orthoptique ne s'occupe pas de posturologie et de ce fait est beaucoup moins astreignante. Elle apprend à l'enfant à réaliser sa diplopie pour la maîtriser. Le travail de musculation n'est la que pour permettre cette maîtrise à un moindre coût. L'étape d'après consiste à acquérir les stratégies visuelles efficaces que sa diplopie l'empêchait d'acquérir. C'est pourquoi je parle d'immaturité visuelle: l'acquisition de ces stratégies se fait normalement spontanément.

Le but de la méthode que nous employons consiste essentiellement à remettre en place la boucle réflexe qui doit adapter la sensation de vision à la réalité. Pour ce faire nous apprenons à l'enfant (ou à l'adulte) à prendre conscience des phénomènes visuels et à les corriger par une action musculaire oculaire adaptée. C'est donc un apprentissage dynamique qui permet une adaptation au réel ainsi qu'une modulation à la fatigue. Il importe donc d'améliorer la puissance des muscles incriminés et de lutter contre les phénomènes parasites d'adaptation.

Dans la majorité des cas ces anomalies de la vision binoculaire ont par ailleurs retardé le développement et la maturation du système visuel qui devient donc inadapté aux nouvelles fonctions à accomplir en fonction de l'âge.

Le rattrapage du retard demande la réalisation d'exercices de rapidité et de précision qui peuvent apparaître comme tonifiant mais non contracturant. Ce tonus est indispensable et normal chez tout individu. Les muscles oculaires permettent l'élaboration des mouvements les plus rapides de l'organisme. Cela ne peut pas se faire sans un certain "tonus".

La rééducation comprend la réalisation d'une séance hebdomadaire de 20 minutes à réaliser pendant 3 mois soit 10 séances + 1 bilan. Cette rééducation permet le plus souvent de remettre à niveau le système visuel et ses réflexes. L'adoption de stratégies visuelles plus élaborées peut demander quelques séances supplémentaires. Ces stratégies sont le plus souvent aprises spontanément et nous les enseignons surtout en cas de retard massif c'est à dire pour l'acquisition de la rapidité de lecture nécessaire au passage en 6ème. N'oublions pas que la rééducation orthophonique se prescrit plutôt par 50 séances ainsi que la psychomotricité.... La rééducation posturale demande quant à elle 5 minutes d'exercices quotidiens durant 10 à 20 semaines soit de 2 à 4 fois plus de temps.

Dans tous les cas la restitution des réflexes visuels et la reprise des acquisitions ne règle pas le problème de la dyslexie comme par magie. Une nouvelle situation d'apprentissage est crée qui peut permettre le rattrapage du retard d'acquisition. L'orthophoniste sera là pour conforter et redresser ces acquis antérieurs.

Pour conclure, il est raisonnable de penser qu'un travail de rééducation prend du temps et au moins le temps de réapprendre correctement. Dire le contraire revient à entretenir un espoir irréel. Il est déjà très encourageant de pouvoir dans certains cas pointer et corriger le problème.

L'espoir renait du fait que les prochains efforts ne seront pas vains.

© .Dr Boussand François. Suite    Mis à jour le 13-04-2011. Imprimer